Tentative de définition du mot crise

De Paul Gonze
Révision datée du 10 décembre 2012 à 12:58 par Pge (discussion | contributions) (Page créée avec « CRISE : nom féminin (du grec Krisi, décision, et krisein : juger) ; manifestation aiguë, violente mais transitoire d’un état morbide ou d’un trouble physique, psychiq... »)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à la navigation Aller à la recherche

CRISE : nom féminin (du grec Krisi, décision, et krisein : juger) ; manifestation aiguë, violente mais transitoire d’un état morbide ou d’un trouble physique, psychique voire moral affectant un individu et dont l’issue transforme de manière décisive, heureusement avec la guérison, malheureusement avec le décès, la personne qui est atteinte. Peut être éprouvée comme positive (crise d’euphorie, d’altruisme, de fous-rires…) ou négative (crise d’angoisse, de jalousie, de larmes…). Utilisée initialement par l’institution médicale (crise d'appendicite, de goutte, d'épilepsie, de colique néphrétique…), s’applique par extension au corps social, aux organes politiques, au réseau financier, à l’espèce humaine, à l’écosystème terrestre… Quelques exemples illustrent l’amplitude de son champ d’application. Crise existentielle susceptible de modifier le cours de la vie d’un individu. Causée par une séparation, un deuil, une maladie, un accident, une perte d’emploi, une faillite… ou par un déséquilibre hormonal durant la puberté, la ménopause ou l’andropause. Ce type de crises engendre des tensions nerveuses acculant l’individu à s’adapter à une nouvelle situation ou qui dégénèrent, en cas d’inadaptation, en dépression et en addictions (alcoolisme, tabagisme, toxicomanie…) voire culmine dans un suicide. Crise de natalité, baby-krash, papy-boom ou hiver démographique diagnostiqué aux lendemains des golden sixties en opposition avec le baby-boom des années du direct après-guerre amenant des philosophes comme Raymond Aron à affirmer que « Les Européens sont en train de se suicider par dénatalité » ! Crise moderniste questionnant les dogmes et valeurs morales de l’église catholique, soumise depuis le milieu du XIXème siècle voire depuis l’époque des Lumières jusqu’à nos jours, aux critiques de l’intelligentsia européenne, promotionnant le rationalisme, le libéralisme et la sécularisation. Crise écologique marquée par une croissance exponentielle des espèces en voie de disparition suite à la « colonisation » de la terre par l’homme, coupable de ce que les géologues considèrent comme la sixième extinction… et dont il pourrait se découvrir aussi victime. Crise de l’énergie, du pétrole, du nucléaire…, crise du livre, du disque, de l’automobile…, crise aviaire, porcine et de l’emploi…, crise de la langue française, de l’éducation, de la démocratie, de la culture et même des arts contemporains…, crise de la masculinité et de la tulipomanie … Il apparait ainsi que le terme « crise » est de plus en plus galvaudé, placardé de manière récurrente et abusive dans des contextes tellement distincts, sur tout et n’importe quoi et en particulier sur l’économie qu’il a été vidé de tout signifiant concret… véhiculant aujourd’hui une impression globale de déséquilibre, empestant l’atmosphère de malaises, rancissant une résignation de « fin de monde » dans un sentiment collectif quasi existentiel d’angoisse, nous collant à la peau, plombant nos initiatives… définissant notre époque autant qu’il nous définit. Dérive du mot crise particulièrement débilitante dans la mesure où on ne l’utilise plus pour parler d’un phénomène transitoire, passager mais qu’on prédit qu’elle va durer des décennies, que l’on conditionne la population à l’accepter sans issue et sans fin, éternel, immortel … car comment accepter, médiatiquement, l’idée qu’il nous faut mourir. Mais cet abcès dont on nous laisse entendre qu’il ne crèvera jamais, on nous fait aussi croire qu’il est tout jeune, tout frais… qu’il a pris naissance il y a à peine cinq ans, sous le signe de la vierge, en septembre 2007, avec le scandale des sub-primes alors que ce n’est là que son plus récent avatar, que la crise est aussi vieille au moins que la révolution française, qu’on peut coupler son avènement coïncide avec le rejet des valeurs spirituelles, humanistes, culturelles, supplantées par la soumission au principe tyrannique de réalité, d’objectivité, de rentabilité. Conscient de ses dérives, il apparait que, par glissement sémantique (technique de propagande consistant à remplacer une expression par une autre afin de la décharger de tout contenu émotionnel et de la vider de son sens) le mot crise doive être décodé, compris comme un euphémisme. Euphémisme masquant le caractère conflictuel des transformations socio-économiques rendant les pauvres toujours plus pauvres et plus pupullant et les riches jouant des coudes et des pieds dans leur course panique pour passer des 1% aux 1 ‰ toujours plus riches. Parfaite illustration de la prédiction de Karl Marx sur la concentration du capital aux mains des happy few peu troublés par le rougeoiement crépusculaire d’un utopique grand soir. Euphémisme pour abrutissement culturel, nivellement des exigences qualitatives d’un enseignement promotionnant la rentabilisation concurentielle à court terme plutôt que l’épanouissement relationnel et humaniste, normant les spécificités et potentialisés de chaque individu, culture Euphémisme pour délire consumériste Rupture d'équilibre entre la production et la consommation, caractérisée par un affaiblissement de la demande, des faillites et le chômage. Euphémisme pour immobilisme démocratique, comme en atteste le déroulement des élections présidentielles aux Etats-Unis, incarnation suprême de la crise actuelle. Euphémisme pour décadence Provoquant, comme tout conflit chirurgical – et pour le bien du bon peuple – des dégâts collatéraux – panique La crise apparait dès lors comme systémique et, paradoxalement, alors que son étymologie originelle la rattache aux valeurs de jugement et de décision, elle s’amollit dans une perte de repères, une incapacité à prendre l’initiative, une passivité reflétant l’absurde et tragique nature de notre humanité privée d’absolu. Aujourd’hui, on s’installe dans la crise – sociale, économique, environnementale…, on l’habite comme on se normalise en HLM On s’y fait ou plutôt on est fait, osant à peine imaginer que nous puissions survivre, renaître, osant changer radicalement de vécu, d’habitudes et de conformités, rejetant fraternellement l’élitisme a hiérarchie éliparentale, sautant qualitativement le quantitatif capitaliste, métamorphosant utopiquement le dogme de la démocratie particratique. Exercice pratique : ayant substitué dans les articles de presse et les émissions radio-télévisuelles le mot conflit (ou lutte des classes) au mot crise, se demander – sous quel drapeau combattre ? - au front ou dans les cuisines ? – comme galonné ou simple plouc ? – qui peut opter pour la neutralité, bénéficier du statut diplomatique, se prétendre extra-terrestre ? – si, reconnaissant qu’on est déjà en territoire occupé, il ne reste plus qu’à passer pour terroriste dans la résistance ? – avec quelles baïonnettes contre quels lance-flammes – à moins de s’engager comme mercenaire ou policier? Remarque : Cette définition est en grande partie basée sur les informations collectées sur le site de Wikipédia et dans un article des Inrockuptibles du 12 septembre 2012. Il ne trahit que les opinions papowétiques de son auteur qui n’est ni politologue, ni sociologue, ni philosophe. Anartiste en crise ?