« ART MODERNE OU ART DE VIVRE » : différence entre les versions

De Paul Gonze
Aller à la navigation Aller à la recherche
Contenu ajouté Contenu supprimé
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 33 : Ligne 33 :
Et que l'on n'aille pas prétendre que le rôle mortifère des MAM se confine à quelques seigneureries se targuant d'arrèter le temps. Leur lèpre est contagieuse et pourrit aussi les vivants. Si, reprenant la formule de Malraux, les vieux musées transforment les œuvres en objets, il faut reconnaitre que leurs jeunes épigones ont le pouvoir de béatifier n’importe quel objet en artefact : de l’urinoir à la merde d’artiste en passant par le tas de charbon ou de bonbons, le socle pour sculpture sans sculpture, le cadre vide sans titre, le vide signé… au point que les ménagères des ces lieux prestigieux ont de la peine à ne pas les confondre avec les ordures.
Et que l'on n'aille pas prétendre que le rôle mortifère des MAM se confine à quelques seigneureries se targuant d'arrèter le temps. Leur lèpre est contagieuse et pourrit aussi les vivants. Si, reprenant la formule de Malraux, les vieux musées transforment les œuvres en objets, il faut reconnaitre que leurs jeunes épigones ont le pouvoir de béatifier n’importe quel objet en artefact : de l’urinoir à la merde d’artiste en passant par le tas de charbon ou de bonbons, le socle pour sculpture sans sculpture, le cadre vide sans titre, le vide signé… au point que les ménagères des ces lieux prestigieux ont de la peine à ne pas les confondre avec les ordures.


Avec pour corollaire que, n’importe quoi pouvant être œuvre d’art, l’acte de consommer n’importe quoi se trouve transcendé en opération cultuelle, d’essence artistique… Andy Warhol avait déja constaté que les grands magasins sont un peu comme des musées. Et Beuys de surenchérir en affirmant que tout le monde - n’importe quel consommateur - est artiste. Les MAM comme temples de la société de consommation?
Avec pour corollaire que, n’importe quoi pouvant être auréôlé œuvre d’art, l’acte de consommer n’importe quoi se trouve transcendé en opération cultuelle, d’essence artistique… Andy Warhol en personne avait constaté que les grands magasins sont un peu comme des musées. Et Beuys de surenchérir en affirmant que tout le monde - n’importe quel consommateur - est artiste. Alors les MAM comme basiliques de la société de consommation?


De fait la sacralisation de ces institutions culturelles et leur médiatisation événementielle comme lieu de culte induit, au sein de la population, l’acceptation passive de la marchandisation-standardisation-détérioration de son cadre de vie. La monotonie et la laideur qui en résulte est digérable puisque la ville fonctionnelle et rentable héberge quelque part, comme au-delà d'une vallée de larmes, un paradis de beauté et de gratuité. Pourquoi pleurer ce qui bascule dans l’obsolescence puis dans la décharge de l’histoire puisque la quintessence de ce qui s’efface est mis en conserve par des conservateurs dans ces conservatoires?
De fait, la sacralisation de ces institutions culturelles et leur médiatisation événementielle comme lieu de culte induit, au sein de la population, l’acceptation passive de la marchandisation-standardisation-détérioration de son cadre de vie. La monotonie et la laideur qui en résulte est digérable puisque la ville fonctionnelle et rentable héberge quelque part, comme au-delà d'une vallée de larmes, un paradis de beauté et de gratuité. Pourquoi pleurer ce qui bascule dans l’obsolescence puis dans la décharge de l’histoire quand des reliques, quintessence de ce qui s’efface, est mis en conserve par des conservateurs dans ces conservatoires?


Et la filiation établie par Romain Gary entre les mondes éclésistique et artistique s'avère plus porteuse quand, succédant aux évêques, prêtres et sacristains qui intercédaient pour le bon peuple auprès du Très Haut, on voit des archéologues du présent, critiques d’art et guides assermentés faire de la médiation, expliquer au public comment regarder les "manifestations" des artistes contemporains et pourquoi les honorer. Hors d’eux, point de salut ?
La filiation reconnue par Romain Gary entre les mondes éclésistique et artistique s'avère plus profonde quand, succédant aux évêques, prêtres et sacristains qui intercédaient pour le bon peuple auprès du Très Haut, on voit des archéologues du présent, critiques d’art et guides assermentés faire de la médiation, expliquer au public comment regarder les "manifestations" des artistes contemporains et pourquoi les honorer mieux que des saints. Hors d’eux, point de salut ?


Pour Nathalie Heinich, les artistes sont les aristocrates de la société du spectacle. Produisant de l’art pour l’art… et pour ces lieux non rentables que sont les MAM, ils dorent la pilule qui réduit le bon peuple en masse de consommateurs. Autorisés, en vertu du sacro-saint principe de la liberté d’expression, à ne respecter aucune règle, aucun tabou, aucune loi, ces étoiles du star system tirent leur titre de gloire de la médiatisation de scandales et de provocations et sont canonisées de leur vivant. Ce sont des bêtes de cirque divinisées.<br><br>
Pour Nathalie Heinich, les artistes sont les aristocrates de la société du spectacle. Produisant de l’art pour l’art… et pour ces lieux non rentables que sont les MAM, ils dorent la pilule qui opiomise le bon peuple en troupeau de consommateurs. Autorisés, en vertu du sacro-saint principe de la liberté d’expression, à ne respecter aucune règle, aucun tabou, aucune loi, ces étoiles du star system, tirant leur titre de gloire de la médiatisation de miraculeux scandales et de divines provocations, sont canonisées de leur vivant.<br><br>


Ces dérives ont été exemplairement mises en lumière lors du vernissage, en 1984, du MAM de Bruxelles.&nbsp;Ce qui a poussé un ouvrier en salopette bleue, pendant que le roi des belges, une foule de ses ministres et l’écume de la nation champagnaient, a descendre dans la fosse et apposer sur son mur des lamentations une pierre tombale dont l’épitaphe "[[UN RÊVE POUR LA GLOIRE|Ci-gît l’art moderne belge" était profanée par le graffiti "Vive l’Art de Vivre"]].<br>
Ces dérives ont été exemplairement mises en lumière lors du vernissage, en 1984, du MAM de Bruxelles.&nbsp;Ce qui a poussé un ouvrier en salopette bleue, pendant que le roi des belges, une foule de ses ministres et l’écume de la nation champagnaient, a descendre dans la fosse et apposer sur son mur des lamentations une pierre tombale dont l’épitaphe "[[UN RÊVE POUR LA GLOIRE|Ci-gît l’art moderne belge" était profanée par le graffiti "Vive l’Art de Vivre"]].<br>

Version du 23 février 2012 à 18:17

Pour un accès direct à la présentation du VIMUD'AMORE, il vous est conseillé de cliquer ici 


                                                           Méditations sur le futur Musée d'Art Moderne

                                                                               et son alternative

                                                                               LA VIMUD'AMORE


Méchant brouillon à peaufiner et ouvert donc à toutes réflexions, critiques et suggestions...


                                                                                                                    L'église est menacée, alors, tout doucement, on prépare
                                                                                                                    le musée pour assurer la relève de ces fumeries d'opium.

                                                                                                                                                                                        Romain Gary

                                                                                                                                Comment être ou ne pas être, quand on a perdu
                                                                                                                                                                      la foi, de mauvaise foi ?

                                                                                                                                                                       Krépuscula Kochmarsky

Non, le musée d'art moderne n'est pas mort et enterré! Seuls les vivants meurent, ne laissant qu'un corps à enterrer qui s'en retournera à la poussière. Les objets par contre, tout comme leurs emballages, ne vivent ni ne meurent: amalgames de poussières que l'on peut temporairement stockés dans des greniers, des caves voire des musées (et des musées de musées?), ils prennent la poussière et sont dépoussiérés jusqu'au soir où ils tombent pour l'éternité en poussière. 

Même les fétiches encroutés de sang, les Christ de douleur, les courtisanes dénudées? Elles et eux avaient pourtant fait vivre, palpiter, jouir... Avant d'être reconnues œuvres d'art et se figer au musée qui évapore leur âme, leur magie, leurs charmes. Puisque, comme l'écrit André Malraux, tout musée transforme toute œuvre en objet. Et que les objets, ne vivant ni ne mourant, sont promesses de poussière au sein d'un Musée ramasse-poussière.

Donc oui, les musées sont mortifères et on peut, comme Lamartine, être las des musées, cimetières des arts.

Minute papillon! Comme toute chenille, je ne vais pas nier que j’adore papillonner dans les cimetières, méditer dans les nécropoles, réfléchir aux fins dernières de ma douce et tendre devant une momie enrubannée. Et je peux comprendre que d’autres, plus que moi, soient accros à ces émotions. Prêt même, avec eux, à signer toutes les pétitions exigeant le classement de ces vénérables institutions au patrimoine mondial de l’humanité et des subsides conséquents pour retarder l'instant de leur inéluctable pulvérisation. Tout en reconnaissant qu'ils demeurent de tristes pis-allers et que la vie, l'art de vivre vibre ailleurs.

Et qu'en ce qui concerne les MAM (Musées d'Art Moderne), c'est si pire qu'on se voudrait plutôt scorpion: ces serials-killers ou plutôt ces faiseuses d'ange ne considérent-ils pas l'assasinat ou plutôt l'avortement comme un des Beaux-Arts? En ce sens que non seulement ils transforment les œuvres en objets mais qu'ils n'objectifient que des fausse-couches, ne formolisent en leur bocaux que des foetus morts-nés. Pour le philosophe Pierre-Henri Jeudy, la muséographie contemporaine nous a curieusement habitué à une "culture patrimoniale", la plupart des oeuvres dite artistiques ayant pour fabuleux destin de transiter directement de la tour d’ivoire de leurs conceptualisateurs à des coffres de collectionneurs puis des cellules de musées sans s'être jamais tachées de quotidien, polluées de sang rouge, saoulées de liberté. Ah le glorieux destin que de mourir avant que de n'avoir vécu!

Mais quelles perspectives d'avenir une civilisation qui embaume son présent peut-elle offrir à sa jeunesse ? Quel droit à la contestation, quelle échappatoire vers des ailleurs lui concède-t-elle ? Les politiques ont la réponse qui financent les musées afin d'assurer la pérénnité du système qu'ils dirigent: Pour neutraliser une œuvre contestataire, rien de plus rentable que de la récupérer en l’exposant comme un objet d'exception, une anormalité, dans une cellule aussi blanche que celles d’un institut psychiatrique. Et pour apprivoiser un révolutionnaire anarchiste, rien de plus honorable que d’en faire un artiste subventionné ! En lui promettant, pour sa pension, une rétrospective au MAM!

Et que l'on n'aille pas prétendre que le rôle mortifère des MAM se confine à quelques seigneureries se targuant d'arrèter le temps. Leur lèpre est contagieuse et pourrit aussi les vivants. Si, reprenant la formule de Malraux, les vieux musées transforment les œuvres en objets, il faut reconnaitre que leurs jeunes épigones ont le pouvoir de béatifier n’importe quel objet en artefact : de l’urinoir à la merde d’artiste en passant par le tas de charbon ou de bonbons, le socle pour sculpture sans sculpture, le cadre vide sans titre, le vide signé… au point que les ménagères des ces lieux prestigieux ont de la peine à ne pas les confondre avec les ordures.

Avec pour corollaire que, n’importe quoi pouvant être auréôlé œuvre d’art, l’acte de consommer n’importe quoi se trouve transcendé en opération cultuelle, d’essence artistique… Andy Warhol en personne avait constaté que les grands magasins sont un peu comme des musées. Et Beuys de surenchérir en affirmant que tout le monde - n’importe quel consommateur - est artiste. Alors les MAM comme basiliques de la société de consommation?

De fait, la sacralisation de ces institutions culturelles et leur médiatisation événementielle comme lieu de culte induit, au sein de la population, l’acceptation passive de la marchandisation-standardisation-détérioration de son cadre de vie. La monotonie et la laideur qui en résulte est digérable puisque la ville fonctionnelle et rentable héberge quelque part, comme au-delà d'une vallée de larmes, un paradis de beauté et de gratuité. Pourquoi pleurer ce qui bascule dans l’obsolescence puis dans la décharge de l’histoire quand des reliques, quintessence de ce qui s’efface, est mis en conserve par des conservateurs dans ces conservatoires?

La filiation reconnue par Romain Gary entre les mondes éclésistique et artistique s'avère plus profonde quand, succédant aux évêques, prêtres et sacristains qui intercédaient pour le bon peuple auprès du Très Haut, on voit des archéologues du présent, critiques d’art et guides assermentés faire de la médiation, expliquer au public comment regarder les "manifestations" des artistes contemporains et pourquoi les honorer mieux que des saints. Hors d’eux, point de salut ?

Pour Nathalie Heinich, les artistes sont les aristocrates de la société du spectacle. Produisant de l’art pour l’art… et pour ces lieux non rentables que sont les MAM, ils dorent la pilule qui opiomise le bon peuple en troupeau de consommateurs. Autorisés, en vertu du sacro-saint principe de la liberté d’expression, à ne respecter aucune règle, aucun tabou, aucune loi, ces étoiles du star system, tirant leur titre de gloire de la médiatisation de miraculeux scandales et de divines provocations, sont canonisées de leur vivant.

Ces dérives ont été exemplairement mises en lumière lors du vernissage, en 1984, du MAM de Bruxelles. Ce qui a poussé un ouvrier en salopette bleue, pendant que le roi des belges, une foule de ses ministres et l’écume de la nation champagnaient, a descendre dans la fosse et apposer sur son mur des lamentations une pierre tombale dont l’épitaphe "Ci-gît l’art moderne belge" était profanée par le graffiti "Vive l’Art de Vivre".

Il s'avère aujourd'hui que le brave se faisait des illusions: il fallut en effet attendre près de 30 ans, jusqu'en février 2011, pour qu’un conservateur en mal de rentabilité culturelle n’officialise l’acte de décès. Éplorés par cette annonce mortuaire, quelques dizaines d’artistes, critiques, galeristes et professeurs d’art, une centaine à tout casser - l’avant-garde d’un bataillon? – se retrouvèrent chaque premier mercredi du mois pour prier en faveur de sa résurrection (en présence, il est vrai, de quelques impies). L’émoi de ces indignés, dont beaucoup défendaient leur pré carré - blanc sur fond blanc - suscita, du fait de sa récurrence, quelques échos dans la presse, poussant un quarteron de chevaliers des finances et capitaines d’entreprises à promettre de sponsoriser, pour après 2026, la réincarnation du défunt dans un Guggenheim bruxellois. Généreusement conscients qu’un musée est aux œuvres d’art des collectionneurs ce que la bourse est aux placements des spéculateurs.

On s'étonnera donc qu'il ait fallu treize manifestations mensuelles et la remise d'une pétition signée par 3.000 personnes (contre 23.300 pour le statut des artistes, toutes disciplines confondues) pour que les récriminations de ces aficionados de l'art moderne soient enfin entendues. Le Ministre de la Politique Scientifique découvrit alors trois à cinq mille mètres carrés d'espaces vides au sein des MRBAB. Lieu de repos apparement plus idéal pour une partie de la collection d'art moderne que les caves du Musée. En paix provisoire puisque, dans la foulée, le ministre s'engagea à ce qu'un nouveau musée d'art moderne soit construit d'ici 10 à 15 ans.

Mais pourquoi faudrait-il, dans une ville qui compte déjà plus de cent musées (dont plusieurs palais, brasseries, ateliers, forges, galeries situés à Bruxelles ou dans un rayon de moins de 100 km, spécifiquement dédiés à la promotion de l'art contemporain), un cent et enième MAM ?

Alors qu'un art vivant, un art d'aujourd'hui ne peut s'épanouir qu'en s'enracinant dans le vécu de la communauté qui le secrète. Alors que les musées ne sont fréquentés que par une infime minorité de rentiers, oisifs ou touristes. Alors que le concept d'oeuvre d'art se désubstantialise, s'éthère ou se virtualise. Alors que les artistes se muent en plasticiens. Alors que des hectomètres de catalogues et de monographies permettent d'avoir une perception synthétique de la démarche de ces artistes. Alors qu'on ne peut pas mettre le vent et la liberté de créer en acge, même de verre.

Qu'il faut mieux poursuivre l'utopie, rêver l'inimaginable, élargir l'horizon et -pourquoi pas? - sublimer Bruxsel en VIMUD'AMORE.


--- comité de parrainage