Stranger in my own land

De Paul Gonze
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De passage à Ostende durant le week-end du 15 août, j'ai pu observer, à travers une muraille de barrières Herras, l’œuvre inachevée qu'Arne Quinze devrait intégrer sur la digue d'Ostende dans le cadre de la triennale Beaufort 04.

Constituée d'une dizaine de parallélépipèdes en tôles d'acier soudées que l'artiste a méticuleusement chiffonnés entre les mâchoires d'une presse cyclopéenne puis laqués en rouge vif, cette œuvre aurait coûté 440.000 €.

 

Rock Strangers d'Ostende.jpg
Rock Strangers d'Ostende.jpg


Pour la médiatiser auprès du grand public, une exposition rétrospective était présentée dans la Galerie Vénitienne sous le titre "Cities like Open-Air-Museum" avec ce commentaire de l'artiste: "Les villes aiment les musées en plein air": ce titre résonne pour moi comme la réalisation de mon rêve ultime: une confrontation avec le public entouré chaque jour par de l'art. L'art  a un effet positif sur les êtres humains et leur développement personnel, il peut étendre leur horizon et élargir leur vision".

L'exposition présentait les deux facettes principales de la créativité d'Arne Quinze. D'une part, de  monumentales imbrications de chevrons de bois, d'autre part des volumes ou des plats d'acier déformés, les bois commes les aciers étant laqués dans une couleur orangée aussi typique que les bleus typologisant les créations d'Yves KLein. 

Dans le film qui lui était consacré, notre sculpteur avouait que si ses oeuvres de bois rayonnaient d'un chaleureux équilibre auquel quiconque était sensuellement sensible (la douceur vivante du bois), ces masses de métal déformées avaient la force, la puissance de choquer, d'agresser n'importe quel passant. Théorie à laquelle Paul Dujardin, le directeur du Bozar, adhérait pleinement, affirmant que "l'artiste contemporain se doit d'être un terroriste" et que Béatrice Delvaux, la rédactrice en chef du Soir, défendait en arguant que "la fonction de l'art est de déranger les gens dans leur paisible bien-être, de les secouer dans leur train-train quotidien"... Elargir leur horizon en les violant?

Et dire que de doux utopistes pèrorent sur le rôle d'un art vivant dans la ville plutôt qu'au musée et sur sa fonction de vecteur de reliance, de catalyseur de convivialité.

Ils feraient mieux de se taire car les recettes d'Arne Quinze, comme celles de Le Corbusier, se disséminent comme le consumérisme à la surface du globe et peuvent s'enkister avec la même démocratique insignifiance en n'importe quel lieu pour banaliser la terre et standardiser ses occupants dans la même absurde vacuité. 

D'autres qu'Aurore et que Krépuscula se sont montrés aussi peu réceptifs à l'universalité du message d'Arne Quinze, notamment un peinturlureur surréalisant tenant sa propre galerie dans une des ruelles menant à la digue:


Fake Strangers à Ostende.jpg
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Mais, ironisera Unalala Bwana, ces commentaires ne font que reflèter la frustration des deux soeurs de lait qui, en utopistes nostagiques (l'utopie, qu'est ce sinon le désir passéiste de retouver la quiétude foetale?), sont allergiques aux manifestations les plus novatrices de l'avant garde artistique, aux dernières bulles de la dernière écume de la dernière vague...

Que non, elles aiment aussi d'autres choses d'autres illuminés comme cet éclaboussement maritime de Nick Erving: