Aveu de rejet de paternité

De Paul Gonze
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Avertissement : Vous qui vous êtes égaré.e jusqu'ici,  je ne peux que vous conseiller de faire marche-arrière et d'aller contempler le bleu du ciel : comme je l'ai déjà écrit, si ce que j'avoue ici m'est aussi pénible que difficile à formuler, il pourrait aussi vous révulser...

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Vous êtes encore ici! Bon: tant pis pour vous... et tant pis pour moi! Dans le monde d'illusions que nous partageons et surpeuplons, je parviens de plus en plus difficilement à survivre en jouant à l'innocent. Je ne peux plus m’empêcher d'assumer le constat que ... Bon, il est temps que je me mette dans la casserole. D'autant que je deviens coriace!

  

Le 15 août 2019, j'étais, rappelez-vous, sur le point de conclure ma bafouille sur ma relation de pa- ou ma-ternité avec la Marquise du Vismet, Vicomtesse des Édens quand un de mes collègues artistes, passant à l'improviste, contemple la merveille qui venait de voir la lumière et me dit: "C'est vrai que tu es un obsédé mais, quand même, ces trous du cul!"

Atterré, je le regarde, comprenant quedalle à ce qu'il cherche à me communiquer. Et voici mon critique d'art qui me précise que mes douze coquilles d’œufs avec leurs ouvertures débordant de plâtre rose fluorescent sont aussi charmantes que des anus (ou des ani pour les latinistes?)*.

Choqué que je suis, moi bien plus encore que vous, car mes ovoïdes, sensés faire fonction dans mon artéfact de moteurs à réaction, n'évoquaient pour moi, comme les huitres et les moules et la cavité creusée sous la jupe de ma Marquise, que le paradis utérin, fœtal ... jamais le sphincter qui prouve que nous ne sommes en rien enfants de Dieu.

Ébranlé au point de vouloir fracasser ma créature ... car si c'est vrai que je suis obsédé par la Femme, ne le suis-je pas comme un enfant de chœur amouraché de l'enfant Jésus? Les images d'Elle que je collectionne ne sont-elles pas, plus que des chromos sur papier glacé, des évocations idylliques du paradis perdu? Et si mes kinedurekunmomans (en particulier 01 ..... 02 ..... 03)  sont d'un goût douteux titillant, à l'instar des cicciolinâneries de Jeff Koons, les âmes romanticalcooliques ne vocalisent-elles pas aussi et à leur manière l'éternel mais inaccessible Féminin?

Mais pas des trucs de merde, non de dieu de merde qui n'existe pas!

Me remonte alors à la gorge, aussi aériennes que du vomi, les considérations scatologiques que Milan Kundera a développé dans "La Grande Marche", sixième partie de son "Insoutenable légèreté de l'être". C'est à dire:

"La merde est un problème théologique plus ardu que le mal. Dieu a donné la liberté à l'homme et on peut admettre qu'il n'est pas responsable des crimes de l'humanité. Mais la responsabilité de la merde incombe entièrement à celui qui a créé l'homme, et à lui seul."

"Le kitsch, par essence, est la négation absolue de la merde; au sens littéral comme au sens figuré : le kitsch exclut de son champ de vision tout ce que l'existence humaine a d'essentiellement inacceptable."

" Le kitsch est un paravent qui dissimule la mort"... et la merde.

Me reste cette échappatoire, empruntée à Henri de Toulouse-Lautrec: "La peinture, c’est comme la merde : ça ne s’explique pas, ça se sent !" Et le fait est que oui, c'est vrai, je suis affreusement kitsch... et que je m'en fous! Car, en me dénonçant, je me mets en doute, transmutant ainsi mon kitsch en anti-kitsch!

Bon, je vais arrêter de vous faire chier et aller dormir. Vous aussi ?

Observation qui, trois jours plus tard, a été tempérée par l'opinion d'une amie qui y a vu des culs de poules!