UN RÊVE POUR LA GLOIRE
Le 24 octobre 1984, pendant le vernissage du Musée d’Art Moderne que le roi des belges, une foule de ses ministres et l’écume de la nation champagnaient, un ouvrier en salopette bleue descendit dans la fosse pour apposer sur son mur des lamentations une pierre tombale dont l’épitaphe "Ci-gît l’art moderne belge" était profané par le graffiti "Vive l’Art de Vivre".
Postés à l'entrée du musée, deux de ses comparses, en tenue de deuil, distribuaient ce faire-part:
Dans une lettre adressée la veille aux Conservateur et Commissaire du musée et de la ville, l'asbl TOUT avait revendiqué la paternité de cet attentat:
Par l'entremise de Monsieur Jacques Lennep, historien d'art travaillant au musée, la pierre tombale a été récupérée et entreposée pour son repos éternel dans les caves du Musée. Ce qui confère à TOUT un pompeux titre de gloire: avoir un chef-d'oeuvre dont d'éminents conservateurs assureront l'embaumement!
Serge Goyens de Heusch a, par ailleurs, consacré à cette mise en bière un entrefilet dans un article de dieu sait quelle revue d'avant-garde, confondant TOUT et le Mass Moving. Que ses mânes reposent en paix!
Mais d'autres errent encore dans la vallée des larmes!
Pas tous, a-dieu merci!