La demande en mariage

De Paul Gonze
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Très chère,

J’ai voulu, d’une incision calme et précise, froide et métallique, vous fendre au front une bouche moins mensongère et l’entrouvrant, vampire, pour un dernier baiser d’amant, m’empoisonner du venin de votre sang puis, afin de ne pas vous en rendre, dans un crachat ou une éjaculation morbide, la saveur crépusculaire, m’abandonner à la dessiccation dans les sables du désert, les lèvres cousues d’inoxydable… cependant je vous sais assez sorcière, tendre compagne, pour encore une fois, réussir à me séduire, métamorphosée en saule pleureur avec, grâce aux miracles de l’esthétique, un morceau de fesse au front et jusque dans mes cristaux, par vos racines, me forcer à regretter le soleil entre vos branches.

J’ai voulu, dans une brutale mais feinte indifférence, crever votre fontanelle pour engrosser le chat médio-pontin prétrigénital qui s’est fait des griffes dans mes rêves puis vous léguer à la charité publique tandis que j’agoniserais de la plus implacable et lépreuse des véroles dans un monastère du Vatican… cependant je vous sais assez bigote, tendre compagne, pour me laisser, en signe de bénédiction, au faîte de ce qui aurait du être le crâne de l’animal humain, une auréole de votre perruque où votre âme réfugiée continuerait à me parler, face à l’éternité de Dieu, des fragiles instantanés du plaisir.

J’ai voulu m’arracher les yeux et vous les greffer, sangsues, entre vos cuisses afin que la vision de vos orgies me somnanbulise vers les pires flammes de l’enfer, animé du fol espoir que, gonflé par d’intolérables souffrances, le flot des larmes qu’adolescent j’avais versées, limpides, devant votre beauté, ressurgisse pour mêler leurs acides à la bave de vos urines et ainsi vous corroder le ventre en un marais putride… cependant je vous sais assez éduquée, tendre compagne, pour encore, et toujours, puisque la bouche, comme le cul, apprend à dissimuler ses borborygmes , me prodiguer vos pauvres sourires et nous consoler, enlacés dans un baiser d’enfant, de l’ennui d’un aveugle et glacial infini.

Ce pourquoi donc, demain, devant prêtres et échevins, nous nous engagerons s’il vous plaît, tendre compagne, à fonder une famille unie dans la joie et le ///