« L'invitation au voyage » : différence entre les versions

De Paul Gonze
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Songe à la douceur
Songe à la douceur

D'aller là-bas vivre ensemble !
D'aller là-bas vivre ensemble !

Aimer à loisir,
Aimer à loisir,

Aimer et mourir
Aimer et mourir

Au pays qui te ressemble !
Au pays qui te ressemble !

Les soleils mouillés
Les soleils mouillés

De ces ciels brouillés
De ces ciels brouillés

Pour mon esprit ont les charmes
Pour mon esprit ont les charmes

Si mystérieux
Si mystérieux

De tes traîtres yeux,
De tes traîtres yeux,

Brillant à travers leurs larmes.
Brillant à travers leurs larmes.



Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.
Luxe, calme et volupté.



Des meubles luisants,
Des meubles luisants,

Polis par les ans,
Polis par les ans,

Décoreraient notre chambre ;
Décoreraient notre chambre ;

Les plus rares fleurs
Les plus rares fleurs

Mêlant leurs odeurs
Mêlant leurs odeurs

Aux vagues senteurs de l'ambre,
Aux vagues senteurs de l'ambre,

Les riches plafonds,
Les riches plafonds,

Les miroirs profonds,
Les miroirs profonds,

La splendeur orientale,
La splendeur orientale,

Tout y parlerait
Tout y parlerait

À l'âme en secret
À l'âme en secret

Sa douce langue natale.
Sa douce langue natale.



Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.
Luxe, calme et volupté.



Vois sur ces canaux
Vois sur ces canaux

Dormir ces vaisseaux
Dormir ces vaisseaux

Dont l'humeur est vagabonde ;
Dont l'humeur est vagabonde ;

C'est pour assouvir
C'est pour assouvir

Ton moindre désir
Ton moindre désir

Qu'ils viennent du bout du monde.
Qu'ils viennent du bout du monde.

- Les soleils couchants
- Les soleils couchants

Revêtent les champs,
Revêtent les champs,

Les canaux, la ville entière,
Les canaux, la ville entière,

D'hyacinthe et d'or ;
D'hyacinthe et d'or ;

Le monde s'endort
Le monde s'endort

Dans une chaude lumière.
Dans une chaude lumière.



Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.
Luxe, calme et volupté.



<small>''Charles Baudelaire''</small>
<small>''Charles Baudelaire''</small>

Version du 20 juillet 2016 à 21:45

Mon enfant, ma sœur,

Songe à la douceur

D'aller là-bas vivre ensemble !

Aimer à loisir,

Aimer et mourir

Au pays qui te ressemble !

Les soleils mouillés

De ces ciels brouillés

Pour mon esprit ont les charmes

Si mystérieux

De tes traîtres yeux,

Brillant à travers leurs larmes.


Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.


Des meubles luisants,

Polis par les ans,

Décoreraient notre chambre ;

Les plus rares fleurs

Mêlant leurs odeurs

Aux vagues senteurs de l'ambre,

Les riches plafonds,

Les miroirs profonds,

La splendeur orientale,

Tout y parlerait

À l'âme en secret

Sa douce langue natale.


Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.


Vois sur ces canaux

Dormir ces vaisseaux

Dont l'humeur est vagabonde ;

C'est pour assouvir

Ton moindre désir

Qu'ils viennent du bout du monde.

- Les soleils couchants

Revêtent les champs,

Les canaux, la ville entière,

D'hyacinthe et d'or ;

Le monde s'endort

Dans une chaude lumière.


Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.


                                  Charles Baudelaire