Mise en Garde

De Paul Gonze
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Je ne sais si je peux vous recommander la lecture de ce livre. Il est immoral en effet mais cela, de nos jours, est banal. Il est aussi, ce qui est plus ennuyeux, aussi difficile à lire que son titre.

Il déborde de clichés, tournures de phrases, métaphores, fautes de goûts, délires et redites d’un autre temps, d’un autre monde. Défauts que j’ai sans doute accentués puisque ses auteurs n’ont qu’imparfaitement assimilé la langue de Voltaire et la morale de Sade.

Tous les chapitres sont écrits à la première personne mais ce n’est pas toujours la même personne. Il vous faudra donc, notamment par le biais des adjectifs, vous mettre tour à tour dans une peau de femme, en l’occurrence d’une Reine, puis d’homme, en l’occurrence de Son peintre… au risque de parfois, troubles de l’amour, confondre l’un avec l’autre.

Vous croirez avoir à faire à un roman mais vous constaterez vite que c’est un roman à tiroirs dans lesquelles les auteurs semblent s’amuser à perdre le fil de leur intrigue. Pourtant, croyez m’en, il y a intrigues. Hélas, elles ne se révèlent que tardivement et de manière si tordue que vous pourriez vous sentir obligé(e) d’encore perdre du temps à relire le tout. D’autant que l’épilogue qui ouvre le livre n’est compréhensible que pour autant que vous soyez parvenu(e), in fine, à lire le prélude.

Enfin, tout s’embrouille, s’emberlificote et se complique à plaisir ici… Comme dans tant de sonnets symbolistes, d’épopées initiatiques et de jeux érotiques ? La plupart des phrases sont longues, tarabiscotées, truffées de mots insolites, boursouflées d’images dont le sens n’est pas immédiat…ou pluriel. Comme ces jupons bariolés de tzigane qui cachent si bien ce qu’ils veulent mettre en abyme ? Il y a beaucoup de boue et rien ne garantit que l’une ou l’autre perle puisse s’y trouver qui vous désorienterait… Comme derrière tous les miroirs ?

Et pourtant ! Pourtant, j’ai eu plaisir à le traduire. Et m’illusionne même sur les troubles délices que d’aucun(e)s pourraient éprouver. Dans cette perspective, j’ose trois conseils : fermez de temps à d’autre les yeux ; ne soyez ni trop impatient(e) ni trop raisonnable ; laissez-vous aller à vous laisser posséder: des mystiques ne diraient pas autre chose.


                                                                                                                        D. Ream               
                                                                                                                                  Traducteur parjure