REVE DE LIAISON INCONSCIENTE
Les pays qui n’ont plus de légende sont condamnés à mourir de froid.
Patrice de la Tour du Pin
Qui n’a eu écho du rituel onirique, ésotérique, utopique qui, sous la pleine lune voisinant l'équinoxe d’automne, trouble chaque rentrée académique de l’université de Liège au Sart-Tilman?
Supervisé par le recteur peinturluré et masqué mieux qu'un sorcier Tchokwe, ce cérémonial se déroule dans l’esplanade curviligne qui relie par des chemins ondoyants et un tunnel ovoïde la place de l’université à la Faculté de Psychologie, recemment rebaptisée Académie des Sciences Intuitives.
Espace fantasmatique dont les contours évoquent, pour ceux dont l'esprit peut s'extraire de son enveloppe physique afin de voler et voir les choses d’en haut, le corps d’un titan endormi.
Espace magique aussi car trois figurines de même allure que le géant mais cent fois plus petites y veillent : la première, un fétiche d’argile grise, symbole du « ça », saigne entre ses cuisses embroussaillées, la deuxième, une poupée de bois polychrome, symbole du ″moi″, danse sous la pointe de son sein fleuri de roses, la troisième, une idole de bronze poli, symbole du ″sur-moi″, réfléchit derrière son œil de marbre.
C’est autour de ces objets de culte que toute la fête tournoie, les bleus se disputant l’honneur de les déterrer, laver dans la lumière argentée de la lune, ranimer par les flammes d’un haut bûcher. Ensuite, c’est la plus délirante des bacchanales avec tout le corps universitaire qui piétine, comme possédé, le ventre du titan. Jusqu’aux premiers rayons du soleil, du retour de la lumière et de la raison. Les trois statuettes alors regagnent leur lieu de repos dans l’ombre terreuse. Tandis que les petits hommes s'égareront dans l’incertitude des souvenirs et l’équivoque des mémoires académiques sur le mythe de l’éternel retour.
Encore soif ou faim d'autres délires, très chèr(e)?