La négresse blonde

De Paul Gonze
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Cannibale, mais ingénue, elle est assise, toute nue,

sur une peau de kangourou, dans l'île de Tamamourou!

Là, pétauristes, potourous, ornithorynques et wombats,

phascolomes prompts au combat, près d'elle prennent leurs ébats!

Selon la mode Papoua, sa mère, enfant, la tatoua:

en jaune, en vert, en vermillon, en zinzolin, par millions

oiseaux, crapauds, serpents, lézards, fleurs polychromes et bizarres,

chauves-souris, monstres ailés, laids, violets, bariolés, sur son corps noir sont dessinés.

Sur ses fesses bariolées on écrivit en violet deux sonnets sibyllins rimés par le poète Mallarmé

et sur son ventre peint en bleu fantastique se mord la queue un amphisbène.

 

L'arête d'un poisson lui traverse le nez, de sa dextre aux doigts terminés par des ongles teints au henné,

elle caresse un échidné, et parfois elle fait sonner en souriant d'un air amène

à son col souple un beau collier de dents humaines,

La belle Négresse, la Négresse blonde !

 

Or des Pierrots, de blancs Pierrots, de doux Pierrots blancs comme des poiriers en fleurs,

comme la fleur des pâles nymphéas sur l'eau, comme l'écorce des bouleaux, comme le cygne, oiseau des eaux,

comme les os

d'un vieux squelette, blancs comme un blanc papier de riz, blancs comme un blanc Mois-de-Marie,

de doux Pierrots, de blancs Pierrots

dansent le falot boléro

la fanfoulla, la bamboula,

éperdument au son de la maigre gusla,

autour de la

Négresse blonde.

 

 

comme une petite envie d'autres sources de jouissance?