Confession en guise de reconnaissance de dettes

De Paul Gonze
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Je ne peux me consoler de ne pouvoir exprimer que par écrit et à titre posthume toute la gratitude que j’éprouve à l’égard de Vecellio Tiziano, Diego Rodriguez de Silva y Velasquez, Édouard Manet, Jean-Désiré-Gustave Courbet, Henri Rousseau, Amedeo Modigliani ainsi que des docteurs Raymond Grégoire et Serge Oberlin. Sans les six premiers, je n’aurais pu aussi élégamment habiller ma chose des charmes de leurs dames. Grâce aux deux derniers, j’ai pu transplanter dans mon avatar les organes appropriés pour que, je l’espère, d’autres professeurs Mabuse puissent le faire vibrer.
Je prie, dans ce contexte, les mânes de tous ces mâles de ne pas trop se froisser des libertés que j’ai prises avec leurs chef d’œuvres. Qu’ayant éprouvé mieux que moi la pulsion artistique de contrefaire l’œuvre de Dieu, ils me pardonneront d’avoir, pour les encuber, quelque peu manipuler les divines proportions, contrastes chromatiques et mode de cadrage de leurs muses; Qu’ils ne seront pas choqués par les relations aussi orgiaques que contre-nature dans lesquels j’ai été amenée à impliquer ces dernières; Qu’au contraire, ils se retourneront complaisamment dans leurs tombes pour rêver à la créature monstrueuse que j’ai inséminée aux interfaces des six ventres que leurs pinceaux avaient préalablement si tendrement arrondis; Et qu’ils se vanteront dans l’autre monde d’être les dignes grands-pères de la nouvelle Ève, de cette quintessence de la beauté que d’autres mains que les miennes, sans doute les vôtres, s’apprêtent à porter à la lumière.